L’exposition à l’amiante
Seule l’exposition à l’amiante offre un niveau de preuve absolu dans la causalité du mésothéliome pleural, d’ailleurs il est parfois qualifié de cancer de l’amiante. Un passé d’exposition à l’amiante existe dans presque tous les cas répertoriés. Ces propriétés carcinogènes suggérées dés les années 1930 sont désormais certaines.
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En savoir plus : L'Amiante
L'amiante est un minerai qui se présente naturellement sous la forme d’un agglomérat de fibres dures et flexibles qui peuvent être séparées en fils minces et être tissées. L'amiante a été employée couramment dans beaucoup de produits industriels, y compris le ciment, des garnitures de frein, bardeaux de toit, revêtement de sol, des textiles, et des produits d’isolation.
Si de minuscules particules d'amiante flottent dans l’air, particulièrement pendant le processus de fabrication, elles peuvent être inhalées ou avalées, et poser de sérieux problèmes de santé.
En 1960, le lien amiante-mésothéliome pleural a été démontré autour de mines de crocidolite en Afrique du Sud. Dans les années 80 différents types d’amiante sont identifiés comme des causes du mésothéliome pleural : l’érionite (Turquie) puis la trémolite (Grèce). En 2006, une susceptibilité génétique modulant le risque de développer un mésothéliome pleural est identifiée en Cappadoce où la moitié des décès sont attribuables à une exposition géologique à l’érionite. Typiquement, le temps de latence entre l’exposition à l’amiante et le diagnostic de la maladie est long (35 ans en moyenne), mais certains sont rapportés après une exposition brève et intense ou à un niveau de dose faible mais prolongé. Le risque cancérigène de l’amiante, davantage lié aux propriétés physiques (taille, forme) que chimiques de la fibre, est plus élevé dans certaines formes d’amiante : la crocidolite et l’aminosite (amphiboles) qu’avec le chrysolite (serpentine).
Les fibres inhalées migrent vers la cavité pleurale où elles se concentrent initialement au niveau du feuillet pariétal. Les mécanismes qui permettent d’expliquer la transformation des cellules mésothéliales après une exposition ancienne à l’amiante ne sont pas clairement identifiés. L’oncogenèse de l’amiante fait probablement intervenir des mécanismes de toxicité directe des fibres elles mêmes (production de radicaux libres) et des mutations chromosomiques induites par les fibres.
En plus du mésothéliome, l'exposition à l'amiante augmente le risque de cancer bronchique d’asbestose ou fibrose pulmonaire (maladie chronique non cancéreuse) et d'autres cancers, comme les tumeurs du larynx et du rein. L’association du tabagisme et de l'exposition à l'amiante augmente de manière significative le risque de développer un cancer des voies aériennes supérieures ou un carcinome bronchique
Les secteurs professionnels ayant conduit à des expositions à l'amiante concernaient les unités d'extraction, et les industries employant de l'amiante du fait de ses propriétés :
- Unités d'extraction (mines et moulins, afin de préparer des fibres de calibre donné)
- Fabrication de matériaux à base d'amiante : fabrication de fibrociment, de textile amiante, de matériaux de friction (freins, embrayages)
- Isolation (dans le bâtiment, dans la confection de fours industriels, dans la fabrication de matériel thermique et frigorifique, dans les chantiers navals) et calorifugeage (le flocage avec des produits contenant de l'amiante est interdit en France depuis 1977)
- Utilisation d'amiante comme protection contre la chaleur (gants, tabliers, cordons, couvertures...) dans diverses industries : chantiers navals, sidérurgie, fonderie, fabrication de verre, industrie du bâtiment,…